Tales From The Real World            

Mélanie Courtinat 
Pascal Greco


Du 11 octobre au 9 novembre 2025, à la Chapelle des Trinitaires, entrée libre et gratuite








Entre images et mondes, réel et fiction, conte et expérience, Tales From The Real World rassemble deux artistes internationaux d’exception. Il et elle explorent la manière dont nous habitons aujourd’hui un réel démultiplié, traversé par le numérique, les récits et les affects.




Paysages hybrides : Pascal Greco




Pascal Greco photographie des mondes vidéoludiques comme on photographierait des villes, des paysages, des rues désertes. Ses images, à première vue réalistes, sont pourtant capturées dans des environnements virtuels. Ce ne sont pas de simples trompe-l’œil : elles interrogent la frontière même entre réel et fiction, révélant comment nous projetons nos regards, nos affects et nos récits dans des mondes créés par des machines.
 
Son film Places/Spaces prolonge cette réflexion : il ne s’agit pas de documenter le réel, mais d’explorer comment le réel s’étend aujourd’hui à des territoires hybrides, numériques et sensibles.


Récits déjoués, mondes suspendus : Mélanie Courtinat


Mélanie Courtinat présente The Siren, un jeu vidéo artistique augmenté d’images animées, qui détourne les codes de la quête héroïque et des récits vidéoludiques. Ici, le joueur se trouve face à un conte qui se joue de lui, brisant les schémas narratifs classiques pour questionner le sens même de l’action, de l’immersion et de l’expérience ludique. 

Avec All Unsaved Progress Will Be Lost, œuvre en réalité virtuelle inspirée de témoignages réels de catastrophes, l’artiste propose au contraire une traversée contemplative d’un paysage hors du temps : un monde suspendu, à la fois fragile et magnifique, où l’on ressent avant de comprendre, où le réel se donne comme une énigme.





Dans la Chapelle des Trinitaires — lieu de silence, de lumière et de mémoire — cette exposition devient un espace de contes modernes. 

Des contes qui ne fuient pas le monde réel, mais l’élargissent, le diffractent, en sondent la texture sensible et les contradictions.










Alan Watts et le réel comme expérience



Philosophe britannique, Alan Watts voyait le monde non comme un assemblage d’objets fixes, mais comme un flux d’expériences à vivre.

Sa pensée inspire aujourd’hui de nombreux artistes numériques et vidéoludiques : le jeu Everything (David OReilly, 2017), déjà présenté au festival, en a fait le cœur de son gameplay, invitant le joueur à incarner successivement une pierre, une forêt ou une galaxie.

Dans Tales From The Real World, ses idées résonnent avec les œuvres de Pascal Greco et Mélanie Courtinat, qui explorent elles aussi un réel élargi, sensible et narratif, où la frontière entre fiction et monde vécu se brouille pour ouvrir de nouvelles expériences.






Ici, le réel ne se donne pas comme une évidence : il se tisse, se raconte, se reconfigure dans nos perceptions, nos fictions et nos technologies.





Le titre porte une double référence : 

Le cinéma d’Éric Rohmer, où les récits ordinaires révèlent une profondeur morale et existentielle 

Les contes des quatre saisons


Les mots d’Alan Watts repris par Laurent Garnier, qui nous invitent à ressentir le monde avant de le nommer. 

Tales from the real world feat. Alan Watts






Techniques immersives et expériences sensibles


Les œuvres réunies explorent une palette de techniques contemporaines : photographie in-game capturant des fragments de mondes vidéoludiques, jeux vidéo interactifs qui déplacent les codes narratifs classiques, réalité virtuelle immersive où le spectateur devient témoin silencieux d’espaces à la fois fictifs et habités. 


Toutes interrogent la relation entre contemplation et expérience : comment regarder, habiter, traverser ces mondes — et ce qu’ils révèlent de notre rapport au réel. Ici, la technologie ne cherche pas l’illusion parfaite, mais crée des formes de présence, de doute et de méditation qui transforment le regard.

Images techniques et récits contemporains


Inscrite dans l’histoire des images techniques — de la photographie argentique à la vidéo, du cinéma expérimental aux environnements immersifs — l’exposition prolonge des questions chères à l’art contemporain : que reste-t-il du réel quand les dispositifs de représentation se multiplient et quand les images débordent ? 

Les artistes réunis ici se situent dans une lignée qui peut questionner depuis le Nouveau Réalisme jusqu’à l’art numérique, en passant par le cinéma structurel et les pratiques conceptuelles : tous explorent la tension entre document et fiction, perception et récit, surface et profondeur.

Tales From The Real World
s’inscrit ainsi dans un moment où l’image ne témoigne plus seulement du monde, mais devient un espace de pensée, de récit et d’expérience à part entière.

Vers un réel élargi



Tales From The Real World (en français Contes d’un monde réel) réunit ainsi des œuvres qui déplacent notre rapport au réel : ni simple copie du monde, ni pur imaginaire, mais un réel élargi, traversé par la mémoire, la technique, le jeu, la fiction et le sensible. Comme dans les contes, la vérité ne se livre pas d’un bloc : elle se devine dans les détours, les hasards, les instants suspendus.


À l’ère des environnements immersifs, des récits interactifs et des images générées, cette exposition invite à regarder autrement : à considérer le réel non comme un donné fixe, mais comme une matière vivante, narrative, changeante.


Commissaire d’exposition : Vincent Moncho